Psychologie et cancer
Massimiliano Mariani - Psychothérapeute
11 feb/16
En oncologie, la relation entre médecin et patient est très importante et délicate. Une attitude d'empathie du médecin est-elle plus utile ou un plus grand détachement est-il nécessaire ?
Les deux extrêmes, l'empathie seule et le détachement seul, peuvent être inefficaces dans le processus de construction d'une relation de soins. Il est important que chaque médecin et professionnel de la santé trouve un équilibre suffisamment bon entre l'ouverture à la personne qui demande de l'aide et le détachement nécessaire pour opérer de la manière la plus libre et la plus efficace possible. Elle s'affranchit notamment du poids des charges émotionnelles qui se déplacent en rencontrant des personnes dans des contextes douloureux comme l'oncologie, qui mettent constamment en contact avec la limite ultime de la mort.
La prise de conscience du fait que ces charges pèsent au patient et à l'opérateur est le principal instrument pour trouver son propre équilibre, différent d'une personne à l'autre, ce qui permet d'accueillir et de faire entendre les émotions impliquées. Cette prise de conscience réduit le risque de s'en approprier et de les ramener à la maison, hors du cabinet ou de la clinique.
Le CNAO s'est montré très conscient de l'importance de cet aspect pour le bien-être des opérateurs et des patients. C'est pour cette raison qu'à Pavie, nous sommes engagés dans des cours de formation pour les médecins et les opérateurs sanitaires qui visent à fournir aux professionnels impliqués un espace de réflexion commune dans lequel acquérir et mettre en jeu les outils nécessaires pour diminuer autant que possible la charge du stress généré par leur travail pour améliorer de plus en plus la relation avec le patient.
Que peut faire la psychothérapie pour aider les gens à affronter la maladie du point de vue mental ?
La découverte d'une maladie, en particulier dans le domaine oncologique, génère presque inévitablement une crise profonde dans la vie d'une personne. Les équilibres, les routines et les mécanismes comportementaux qui ont été adoptés de manière satisfaisante jusque là sont mis sous pression.
Le soutien psychologique dans ces situations peut aider le patient et les membres de sa famille à trouver leur équilibre, à accepter les difficultés et à essayer d'être heureux, même dans les nouvelles limites données par la relation avec la maladie.
Je crois qu'en traitant des problèmes aussi graves et capables de toucher tous les aspects de la vie, rien n'est plus précieux que de trouver un espace où retrouver la possibilité de se sentir suffisamment bien malgré la maladie.
Quelle est l'attitude des médecins et des infirmières vis-à-vis de la psychothérapie ? Existe-t-il une disponibilité pour travailler avec le psychothérapeute ?
Pendant de nombreuses années, la formation médicale s'est concentrée principalement sur une approche centrée sur le médecin et sur la maladie, dans laquelle une personne qui prend soin de la connaissance de l'autre prend en charge le parcours du patient de première main. Ces dernières années, un nouveau point de vue a émergé, décrit comme la médecine centrée sur le patient, qui nous a permis de réfléchir sur certains aspects intéressants. En premier lieu, la possibilité pour le patient de se rendre d'abord responsable de son propre parcours de soins en tant que personne atteinte d'une maladie (et pas seulement malade) qu'il peut prendre en charge le plus efficacement possible.
Très souvent, j'ai eu l'occasion de découvrir une véritable envie de s'impliquer des soignants pour acquérir cette prise de conscience dont j'ai parlé il y a peu, en ouvrant à une réflexion sur soi dans la relation avec le patient.
De ce point de vue, l'équipe du CNAO s'est révélée incroyablement attentive et ouverte, capable d'alterner des moments de grande réception intime avec d'autres de détente et de partage plus léger. Dans chaque situation, il y avait un grand respect entre les différentes figures, y compris celle du thérapeute, ce qui a permis la mise en place d'un échange efficace capable, à mon avis, de faire croître chacun des participants à la fois d'un point de vue professionnel et personnel .
En ce sens, la possibilité d'établir une collaboration entre thérapeutes et opérateurs ainsi qu'entre thérapeutes, patients et membres de la famille est un instrument qui s'est avéré au fil des ans extrêmement précieux pour améliorer l'expérience des parcours de soins et les résultats qui y sont liés, tant en termes de satisfaction perçue par les patients que de prévention du risque de stress excessif de l'opérateur.